05 mars 2014

MES ERREURS DE GOÛT (II)

 
Aujourd'hui, tu as droit à un article-confession.
 
Il y a un an, Plume de boa te parlait, avec beaucoup de sincérité, de ses erreurs de goût...
Elle m'exhortait à le faire.
J'y rechignais.
Et puis j'ai cédé.

D'abord, je n'aime pas parler de moi comme ça: ce que j'aime ou n'aime pas doit terriblement t'ennuyer. Mais qui sait? Peut-être t'y retrouveras-tu?
Alors je veux bien t'avouer des choses moi aussi...
Je n'aime pas non plus les articles fleuve, mais tu veilleras toutefois à te munir d'une tasse de thé: je risque de déborder... 
 J'aime les contradictions, comme tu auras pu le constater...
 
Si tu me connais, ça ne t'étonnera pas: je suis de ceux qui clament haut et fort et sans qu'on leur ait demandé quoi que ce soit qu'ils aiment ce qu'il est impensable d'aimer, ce qu'il est préférable de snober.
Non pas que je nourrisse une affection particulière pour tel ou tel dictateur ou que j'aie une passion démesurée pour quelque activité moralement répréhensible.
Rien de bien grave, à part les airs de ceux à qui je dispense ces aveux spontanés.
Car mes erreurs de goût sont plutôt banales mais, étrangement, elles ne manquent de susciter des réactions excessives qui à leur tour m'amusent énormément. 

Mais entrons dans le vif du sujet, détruisons le peu de crédibilité qu'il me reste. 

Et puisqu'il m'est en général plus facile d'exprimer mon admiration, laisse-moi d'abord te dire que
j'aime

  • Beyoncé. Mais ça tu le sais déjà... Pour tout te dire et finir de te choquer, je connais toutes les paroles de ses chansons, depuis ses débuts dans les Destiny's Child. Sûrement une façon pour la nerd de service que j'étais à l'adolescence de se décrédibiliser en vouant une admiration sans borne et inexpliquée à un groupe de filles superficielles, aux tenues légères et dont elle écoutait les paroles religieusement et reprenait les chorégraphies. "I'm a Survivor!", tu sais...
Ok, tu ne sais pas. Tu t'en fous.
 
(olé olé tout ça, Mlle Fal-bla-bla)

Et comme je suis du genre fidèle, je persistai. 
Mais en plus de mon goût véritable pour ce son facile, j'aime désormais le fait qu'il ne faut surtout pas aimer Beyoncé quand on est un tant soit peu cultivé et comme tu l'auras remarqué,  j'aime surtout répéter à l'envi que j'aime Beyoncé "Coucou! Ça va? J'aime Beyoncé. Sinon, tu t'appelles comment?" et observer les mines déconfites de mes interlocuteurs, comme si un drame venait de se produire. L'intrusion d'une telle candeur dans un milieu au bon goût  si indiscutable est toujours aussi rafraîchissante... ou gênante peut-être. Question de perspective.
 
  • dans le même esprit, la téléréalité, et exclusivement la scripted reality noire américaine s'il te plaît, histoire de me convaincre que ce n'est qu'un moyen certes inédit mais très efficace d'améliorer la qualité de mon anglais parlé. Ainsi, parachutée dans le Bronx, je saurais très bien me débrouiller... "I'm a Survivor!" Ok, j'arrête!


  • tricoter des écharpes que je ne finis jamais. Je ne sais ni monter les mailles, ni les arrêter (c'est ma mère qui le fait) mais tricoter me détend: c'est un geste hypnotique qui me permet d'éviter de penser (pour une fois). 

  • arpenter l'avenue la plus fréquentée de ma ville, celle où il est inélégant de s'afficher, tant on y croise tout le monde et surtout n'importe qui, m'installer à Starbucks® et dépenser une dizaine d'euros pour un simple thé et une pâtisserie industrielle, alors que le bon goût voudrait que je déguste les somptueux mets (tout aussi industriels) de la Brioche Dorée. Ils sont français, eux, et ne rechignent pas à payer leurs impôts en France.
Par pudeur, je tairai donc ma fidélité inébranlable à Amazon® et à ITunes®...
 
"Attends... Quoi? Tu payes ta musique?!"
"Mais t'es con ou quoi?!"
"Hello?! 2014! RIP Hadopi!"
 
Oui, je sais, de nos jours, payer est un acte ringard; le culte de la gratuité, l'obsession de la bonne affaire, la phobie de se faire avoir; d'où une consommation compulsive puisqu'abordable d'œuvres qui demeurent le fruit d'un travail honorable, quelles qu'en soient la qualité et l'intention.


(ha!)

Mes chers idéaux désuets dans une société des rapports fugaces et de l'intérêt à durée limitée! Et oui, je sais, j'aurais pu m'acheter une voiture avec tooouuut cet argent, comme l'a un jour estimé, chiffres à l'appui, mon cousin!
 
  • parsemer mon langage de mots anglais: "TMI", "Ain't nobody got time for that", over-the-top too much", me faisant ainsi passer pour une petite écervelée qui pense troooop maîtriser l'anglais, gestuelle incluse.  
  • rester chez moi de temps en temps, à regarder mes séries préférées, me détendre sur Pinterest ou lire pendant que d'autres, dehors, étoffent leur impressionnant réseau social. Si l'interaction sociale est naturelle et indispensable à mon prochain, pour moi elle demande un effort extraordinaire: sortir de ma réserve naturelle (dans tous les sens du termes), éviter les gaffes, les faire quand même, puis m'auto flageller... Trop de travail... Et comme Plume de boa, j'aime dormir, ou plutôt me coucher sans raison particulière à des heures indécentes pour me réveiller le plus tard possible. C'est une manie de plus que je partage avec ma sœur. Insomniaques power! Que c'est bon...
 
  •  m'empiffrer de pain azyme, ou matzos pour les experts. Même à l'étranger j'arrive à en dégotter. Ce goût fumé, ce craquant irrésistible, cette texture légère... Ouh! J'en frissonne!

·         Peter FALK, autre point commun avec Plume de boa. Je l'ai d'ailleurs avoué sous couvert d'anonymat sur le blog d'une de nos lectrices assidues: je ne peux résister à un épisode de Columbo. Il y'a quelque chose de magnétique chez FALK - ce regard ravageur, certainement... 
 
(rrrrrrrrrrrrrrrrrrRrrrrr!) 

·         Franck Sinatra, même si ça fait bourgeois, musique de Papa (et c'est le cas). Le summum de la classe, le passé trouble en plus! J'écoute ses chansons en boucle!
 
 
·         danser chez moi, en faisant mes travaux ménagers par exemple; danser partout, sur tout (ce qui explique peut-être mes goûts musicaux douteux). D'ailleurs, il est rare de me voir sans écouteurs aux oreilles. Je danserais bien dans la rue, mais tu comprends... Hummm...
 
 
·         faire la lessive. Ma véritable addiction? L'assouplissant!  

(magiques...)
 

-
  

Enfin bref, j'aime beaucoup de choses et je pourrais continuer ainsi sur des pages. Mais c'est la règle, il faut aussi que je te parle de ce que

je n'aime pas:  

·         Woody Allen. Un génie pour beaucoup, je sais... Certains de ses films me parlent bien sûr, mais dans l'ensemble l'homme me crispe, son propos me dérange. Les zones grises sûrement. Autant il m'est aisé voire plaisant de parler de mes goûts douteux, autant il m'est difficile d'avouer ma détestation du "grand Woody" en public, de crainte qu'on s'imagine que je manque de finesse, que je ne comprends pas cet humour. C'est juste qu'il me gêne. Impossible de l'expliquer. Me voilà définitivement cataloguée. Oh et puisqu'on y est, et puisque je n'ai plus rien à perdre, Mylène Farmer me stresse aussi.

Voilà, c'est dit.

Soulagée.
 
(Fais pas cette tête Woody! Tout le monde t'aaaaaime!)

·         faire du bruit quand je fais la bise. J'ai un jour pris du recul et décrété que j'avais l'air idiote lorsque je mettais la bouche en cul de poule, et laissais échapper ce bruit injustifié qui semble donner toute sa saveur au geste. Misophonie, sans doute. Cette bise silencieuse ne manque pas d'étonner, quoi qu'il en soit. mais je ne peux m'en empêcher Et pour aller plus loin, pour tout te dire, et au risque de passer pour un être froid et distant (si ce n'est déjà le cas), je n'apprécie pas beaucoup cette démonstration d'affection qu'est la bise. Culturel certainement. Une chaleureuse accolade à l'américaine me suffirait amplement. Mais, ne t'inquiète pas, je me plie volontiers à ce rituel incontournable pour faire plaisir et puisque tout le monde y tient.

A Rome, fais comme les Romains, le bruit en moins.
 
  • le zouk; oui, j'étais la fille qui courait se cacher dès que le quart d'heure zouk commençait...
 
·         les chaussures fermées. J'appelle cela " ma claustrophobie podale". Tout un programme! Deux exceptions tout de même: mes énormes Hunter® en caoutchouc (paradoxal...) et mes Converse® en toile. Hormis cela, c'est ballerines toute l'année, même au cœur de l'hiver. Va comprendre... 
 
  • la banane. BerRk: la texture, le goût, tout ça me donne envie de gerber. Sache en tout cas que ça me désole. Tout ce potassium et ce glucose naturel dont elle regorge et même l'image de Safin l'ingurgitant précipitamment entre deux sets n'ont pas réussi à me convaincre...
Quel gâchis!
Vraiment.
 
·         les fleurs coupées et par conséquent les bouquets. Aussi étrange que cela puisse paraître, je trouve cela affreusement morbide: offrir des fleurs mutilées (qui n'ont rien demandé), contempler égoïstement leur lente agonie (et l'odeur qui l'accompagne) et trouver ça "beau" nous a toujours dérangées, voire traumatisées, ma sœur et moi...

(Très ronsardien, tout ça...)



 
Voilà. Je t'ai tout dit, ou presque. Je prends le risque de m'être une fois de plus discréditée, de t'avoir choqué(e) ou mieux fait rire de mes facéties, mes manies indéfendables (même si je me suis appliquée).

 

Et maintenant que la boucle est bouclée, qu'on est toutes deux passées à table, Plume de boa et moi aimerions en savoir plus sur tes goûts, erreurs ou pas... 
En attendant, tu peux (re)lire l'article de Plume de boa: "Mes erreurs de goût".

2 commentaires :

  1. Juste un petit commentaire sur la bise accolade.
    Se serrer la main : un geste à l'origine je crois pour montrer qu'on était pas armé. Je suis pas fan mais ça a le mérite lorsque le regard est partagé d'exprimer une rencontre.
    Se faire la bise : serait plus proche mais pas forcément, accompagnée de bruit, je suis pas fan non plus. Quelque chose de puéril et de faux lorsque ce sont deux adultes qui font ce geste qui est quelque part un retour à l'enfance.

    L'accolade : yes !
    C'est avec un brésilien que j'ai découvert ce geste vraiment. Au Brésil, pays religieux et tactile d'après ce que j'ai compris, cela semble plus pratiqué.
    L'accolade, c'est aussi un geste qui me rappelle les films mafieux. J'aime bien les films sur la mafia pour le côté famille.
    L'accolade est le geste de salut que je trouve le plus chouette : on est très proche et en même temps, une intimité est préservée.
    Les regards ne sont pas partagés lors du geste, à chacun de choisir d'être vrai ou pas en le faisant et sans savoir si l'autre le saura, lui laissant la possibilité d'être lui aussi vrai ou pas.

    L'accolade est le geste qui rapproche le plus mais pas nécéssairement.
    On sent néanmoins lorsque qu'elle est véritable. Elle peut être très réconfortante sans être enfantine.

    Vive l'accolade ! :)

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    1. Ah! Enfin un propos raisonnable au sujet de la bise! L'accolade, ya que ça de vrai... ^^

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